VARELA, Francisco, J., Quel savoir pour quel éthique ? Action, sagesse et cognition, Paris: Éditions La Découverte, 1996.
4e de couverture
Ce livre part de l’idée que l’éthique de l’action humaine se rapproche plus de la sagesse que de la raison : il s’agit de mieux comprendre ce qu’est être bon plutôt que d’avoir un jugement correct dans des situations particulières.
Aujourd’hui, les sciences cognitives commencent à redonner une valeur centrale à l’agir immédiat, à savoir les situations où une action adéquate émerge d’une circonstance particulière, et ce en contraste avec la tradition cognitiviste dominante d’après laquelle l’abstraction et le raisonnement sont au centre des activités cognitives. Ce repositionnement amène l’auteur à examiner davantage le rôle de l’immédiateté et de la spontanéité dans la vie cognitive, telles qu’elles sont présentes aux niveaux les plus simples de la perception-action aussi bien qu’aux niveaux complexes des rapports sociaux.
Ce déplacement de la vision rationaliste de l’agir trouve une résonance dans le champ éthique avec la philosophie pragmatiste et les traditions de sagesse. Plutôt que de rechercher ou d’édicter des normes du juste ou du bien, une éthique pragmatique doit retrouver nos capacités d’action incarnée et les cultiver à partir du quotidien jusqu’au niveau d’une sagesse. C’est cette approche qui est confrontée aux grandes traditions de sagesse orientale – le confucianisme, le taoïsme et le bouddhisme. Dans ces traditions, l’homme vertueux, l’expert en éthique, n’est pas celui qui agit d’après un ensemble de règles morales, mais plutôt celui qui incarne un « savoir faire ».
En retraçant les résonances entre sciences cognitives et traditions de sagesse, l’auteur est amené à ptoposer un savoir pour l’éthique fondé sur la prise de connaissance progressive de la virtualité du moi.
Francisco Varela (1946-2001), neurobiologiste d’origine chilienne de renommée internationale, a été directeur de recherches au CNRS, associé au Centre de recherche en épistémologie appliquée (CREA, École polytechnique) et au Laboratoire de psychosociologie cognitive de la Salpêtrière. Il a publié de nombreux ouvrages, dont Connaître les sciences cognitives, autonomie et connaissance : essai sur le vivant (Seuil, 1989) et L’Inscription corporelle de l’esprit : sciences cognitives et expérience humaine (avec E. Thompson et E. Rosch, Seuil, 1994).
Table
I. Savoir-faire et savoir
II. Du savoir-faire éthique
III. L’incarnation de la vacuité
IV. La pragmatique du moi virtuel