Pour une Afrique émergente 


Prospective / vendredi, décembre 4th, 2020

Quelques orientations stratégiques

La crise frappe durement et durablement nos pays. Elle est générale parce qu’elle revêt des facettes

multiples. Tous les secteurs de la vie et de nos vies prennent un coup. Le monde change sans cesse ; il se complexifie, se constitue autour de vastes ensembles.

Les sociétés ont et auront davantage besoin du changement. Mais sans la pensée du changement, les sociétés marqueront le pas sur place. Et les individus vivront des moments plus anxiogènes, plus conflictogènes.

Plusieurs enfants, adolescents et adultes, peu accompagnés, sont déboussolés et désemparés, incapables de décider, de se décider, de choisir, d’affronter l’avenir, leur devenir. La plupart des milieux éducatifs s’avèrent peu efficaces et efficients : les familles en crise ; les églises traversées par certains scandales ; les milieux de travail souvent pathogènes ; les systèmes en panne d’orientation et en marge d’une approche holistique. (cf. OKENE Richard, L’orientation des jeunes en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2013).

Les étudiants et enseignants-chercheurs en situation de mobilité internationale (soit pour aller découvrir de nouvelles cultures, soit pour aller acquérir de nouvelles méthodes de travail) s’ouvrent de moins en moins au monde. Ils y vont parfois, la peur au ventre. Ils confondent « se faire des illusions » et « vivre d’illusions ».

Les retraités, très souvent mal accompagnés, mal avisés ; peinent à s’offrir de nouvelles possibilités d’insertion, aussi bien localement que lorsque leurs envies reprennent vie d’aller s’installer ailleurs.

Les entreprises, les associations, les coopératives et d’autres structures de rassemblement des compétences, dans leur recherche de la qualité, sombrent dans la faible compétitivité. Mal appuyées, et mal renseignées, elles déchantent sur les lendemains, ne savent pas prendre des risques ; vivent pour la plupart trop loin de l’écosystème des développeurs, apeurées qu’elles restent d’aller investir ou s’investir ailleurs.

Les collectivités territoriales décentralisées, pourtant créatrices de richesses ont du mal à arrimer leurs territoires aux logiques de la globalisation et de l’innovation sociale pour mieux permettre la participation de tous les citoyens à l’effort de redressement et de gouvernance locale.

Les États peinent à stimuler l’intelligence des concitoyens, à faire naître des incubateurs ; à placer l’autonomie et la créativité au cœur de la dynamique, à articuler cultures, éducation et savoirs, à soutenir l’innovation sociale et territoriale.

QUE FAIRE ?

Un travail d’évaluation des politiques publiques est donc urgent et nécessaire : il s’agit de trouver/proposer des outils et des méthodologies permettant de favoriser l’éclosion de nouvelles générations plus avisées et plus ouvertes aux autres et au monde.

Il s’agit d’accompagner/d’écouter/d’anticiper/de conseiller/de valoriser/de faciliter/d’expertiser/ de protéger/de fructifier/de gérer les actifs/d’appuyer / d’apprendre à apprendre / d’informer / de former/ d’évaluer / d’auditer /de labelliser /de mettre en réseaux dynamiques et d’apprendre à s’investir et investir…

Il s’agit aussi d’apprendre à convertir nos compétences en missions et proposer des offres de services aux entreprises ou structures en situation d’incertitude et d’inquiétude.

Il s’agit enfin de convaincre les politiques qu’il n’y a pas de baguette magique pour développer un pays : la clé du développement, c’est la qualification des femmes et des hommes ».

Dr KEDE ONANA Magloire

KEDE ONANA, Magloire, Le droit à l’éducation en Afrique
Enjeux et perspectives à l’ère de la mondialisation
,
Paris: L’harmattan, 2007