De quelques variantes culturelles de la perception de la vieillesse


Document / mercredi, mai 19th, 2021

A/ L’APPORT DE L’ANTHROPOLOGIE DE LA VIEILLESSE

B/ DÉFINITIONS DE LA VIEILLESSE AILLEURS 

            B- 1- Qui est vieux, qui ne l’est pas ? 

            B- 2- systèmes classificatoires (variabilité biologique ou variabilité culturelle?)

            B-3- systémie relationnelle

C/ RÔLES, FONCTIONS ET POUVOIR DES PERSONNES ÂGÉES 

D/ ANALYSE DE TROIS CAS ASIATIQUES 

            D-1 Le ie japonais  

            D-2 La piété filiale est-elle soluble dans la modernité en Corée ? 

            D-3 Le système Puyuma à Taïwan 

E/ LA VIEILLESSE COMME MIROIR GROSSISSANT DE LA SOCIÉTÉ ? 

F/ RÉSILIENCE DES PERSONNES ÂGÉES  

EN GUISE DE CONCLUSION   

INTRODUCTION

Quel est le contexte de cette réflexion ? Elle s’inscrit dans une démarche d’écologie sociale plus ample dont le sujet est le suivant : dans la perspective d’une crise écosystémique grave et durable, quels seraient les fondements de la résilience écologique parmi les classes d’âge élevé ? Y sont discutées deux théories très en vogue en ce moment, celle du vieillissement de la population mondiale et celle de la possibilité d’une crise systémique majeure. L’un des aspects de l’accroissement démographique concerne la théorie du vieillissement de la population. Elle constitue un fait mondial, indiscutable et totalement inédit. Mais ses prémisses et son impact méritent d’être discutés, surtout si le vieillissement mondial est présenté comme une menace et un fléau ! Je crois utile au contraire de se demander si la situation ne pourrait pas être envisagée sous d’autres biais : quels facteurs culturels pourraient influencer (et moduler) la compréhension des impacts de la crise parmi les populations âgées ? Ces dernières ont-elles des atouts spécifiques pour y faire face ? Dans leur société, quelle part prendraient-elles dans la résolution de la crise ?  

Je présente ci-dessous quelques exemples issus du collationnement de mes données anthropologiques. J’évoquerai quelques figurations de la vieillesse et les stéréotypes observables dans diverses aires culturelles. J’ai comparé les données actuelles avec ce que j’avais recueilli lors d’une recherche d’éthologie humaine effectuée en 1992 sur ce thème de la vieillesse comportementale[1]. Les présupposés négatifs sur le vieillissement de la population existaient déjà dans la littérature spécialisée des années 70 et 80, présentant la vieillesse en termes de déclin programmé ! Ils ont contribué à nourrir des préjugés courants dans l’opinion qui n’ont fait que s’exacerber et se radicaliser sous la pression de l’évolution démographique. Aujourd’hui comme hier, les remèdes miracles proposés me laissent dubitative… Ainsi, je déplore particulièrement le fleurissement mondial de la Silver Economy dont les ramifications s’infiltrent jusque dans les couloirs ministériels et nos institutions étatiques. Elle véhicule l’assignation des âgés au modèle économique ambiant: qu’ils ne travaillent plus, soit, mais qu’au moins ils contribuent au travail des autres en consommant au maximum, des biens et des loisirs d’abord, puis des services dits « à la personne » en tous genres, dont le coût va croissant sans que la qualité et l’empathie relationnelle suivent toujours !

Les éléments présentés ici à titre d’exemples sont fort partiels. Mais ils mettent en évidence les limites « essentialistes » du concept de vieillesse. D’autre part, ils permettent de souligner la combativité, les facultés adaptatives des personnes âgées et certaines forces de résilience qui leurs sont propres, qui ont été observées dans des circonstances de crise. À l’heure où la menace du vieillissement de la population mondiale est sonnée comme le tocsin, il est essentiel d’insister sur ces qualités positives afin d’offrir une vision plus équitable du « continent gris ».

Clara Wajs


[1] Un résumé de cet article est paru dans la revue « Écologie & éthologie humaines », Hors-Série N°3, Actes du Colloque de Clichy, Université Paris V René Descartes, 1994.

Une réponse à « De quelques variantes culturelles de la perception de la vieillesse »

  1. Merci pour cette passionnante étude. Elle montre à l’évidence qu’aucune prescription n’est fondée quant à ce que devrait être la « séniorité », particulièrement si nous raisonnons à l’échelle du monde.
    La tante maternelle béninoise me rappelle le système trobriandais ; avant que ne soit réalisé le rôle du père dans la conception…
    Sur le Sénégal, ta source aurait dû écrire « wolophone » ; le Wolof n’est pas une ethnie ; c’est un espéranto ; soit le seul qui ait fonctionné, soit le patron général de la constitution des langues. Il est également parlé hors du Sénégal.
    Cette diversité peut probablement être rapportée aux deux systèmes fondamentaux des représentations ; voir le principe d’éducation chez les Inuits : ne jamais gronder ni punir un enfant, de crainte d’offenser un ancêtre.

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