Synthèse de Bernard Liétard au jeudi AFREF consacré au projet de réforme de la formation professionnelle (31 mai 2018)

On prédisait un big bang. Muriel Penicaud préparait une révolution qui porterait son nom. Force est de constater qu’on en reste aujourd’hui à un simple bing. Pouvait-t-il d’ailleurs en être autrement dans un champ social qui s’est construit depuis 1966 par une fécondation mutuelle entre dispositions contractuelles des partenaires sociaux et dispositions législatives, les premières précédant le plus souvent les secondes ? De plus croire au remplacement par rupture d’un modèle ancien par un modèle nouveau, c’est aussi ne pas tenir compte du postulat de Michel Crozier selon lequel « on ne gouverne pas la France par décret » (et encore moins par ordonnance !). Pour lui, un changement réussi ne peut être que le résultat d’un processus collectif à travers lequel sont mobilisées, voire créées, les ressources et capacités des participants nécessaires pour la constitution de nouveaux jeux, dont la mise en œuvre libre -consentie et non contrainte – permettra au système, qui ne sera toujours que ce que les acteurs en feront, de s’orienter et de se ré-orienter comme un ensemble humain. Le regretté André de Peretti aimait à souligner que les institutions étaient moins machiavéliques qu’on pouvait le penser et qu’il existait toujours des interstices pour y développer ses projets. Au stade actuel de la réforme, ceux-ci sont encore nombreux. Ne laissons pas échapper ces opportunités de les poser pour, comme nous y incitait Shany Taix, faire de ces zones d’incertitudes et de turbulences des zones d’espoir.

AFREF réforme 2018