«Et puis un jour l’eau vint à manquer. On n’avait pas voulu y croire. On avait repoussé le moment où il aurait fallu affronter cette réalité. Enfin… «on»… en tout cas «nous» -car c’est bien du collectif dont il s’agit- savions…»
Premières lignes de l’Édito de Valérie Abrial Directrice éditorial de T 10, La revue de la Tribune, juin 2022 « Pourquoi faut-il sauver l’eau ? »
J’ai l’envie de reprendre ces lignes dans le contexte de mon travail sur les conséquences d’un long temps de vieillissement.
«Et puis un jour, «la politique du grand âge» vint à manquer. On n’avait pas voulu y croire. On avait repoussé le moment où il aurait fallu penser une population toujours plus nombreuse et plus âgée, où les problèmes de vieillissement s’aggraveraient. Enfin … «on» … en tout cas «nous» -car c’est bien du collectif des boomers actuels dont il s’agit- savions… que nous serions, en 2022, environ 15 millions(2) de citoyennes et citoyens, nés après la seconde guerre mondiale, une majorité d’entre eux en bonne santé et autonome.
Entreprendre aujourd’hui en regardant les réalités en face : nous vieillissons 20 années de plus que nos parents, que faisons-nous de ce temps ?
Lors de mon entrée en situation de retraite, 1997, j’ai espéré trente, quarante années de vie heureuse entourée de ma famille, de mes amis, dans un projet de vie construit. C’était motivant.
Ces vingt-cinq premières années passées en bonne santé, je les ai entreprises comme une nouvelle carrière professionnelle, et j’envisage les quinze prochaines avec la même confiance et sérénité. Je serai centenaire.
Nous avons les promesses d’une «Loi grand âge» qui ne demande qu’à approuver et reconnaître ces boomers qui servent la société en France et au-delà, en demeurant intégrés, engagés, initiateurs de projets dans les associations et organisations humanitaires, culturelles, sociales, dans les responsabilités sur leur territoire (Mairie, Communauté de communes…), auprès de cette quatrième génération(3) que sont les parents des boomers !
Toujours plus âgés et plus nombreux, la preuve est apportée : le nombre des plus de 85 ans passera de 4 % aujourd’hui, à 8 % en 2070 ; 1100 centenaires en 1975, 22000 aujourd’hui, il pourrait être de 270 000 en 2070 … dont mes enfants.
Anticiper : une nécessité, une obligation.
Quelle politique ? Elle doit se construire sur une société de prévention où la perte d’autonomie n’est pas inéluctable, où l’usage des technologies est adapté aux besoins, où l’isolement est combattu dans une solidarité responsable.
Nous connaissons nos réussites, nous avons conscience de nos erreurs, il nous appartient d’inviter nos enfants, dès aujourd’hui, à construire leur long temps de vieillissement. Ce n’est plus une histoire de famille d’aidants bénévoles, c’est l’ouverture de formations nécessaires et indispensables pour de nouvelles professions, de nouvelles responsabilités, nouvelles relations entre quatre, cinq générations. Construisons, aujourd’hui, la société qui ne gère plus le déclin, mais qui accompagne professionnellement un long temps de vieillissement dans la dignité(4).
Derniers vœux pour une société plus âgée : une politique qui connaît, reconnaît, les engagements des aînés dans des activités d’utilité sociale, au-delà du seul bénévolat, la bonne volonté ne suffit. Je l’affirme d’autant plus aisément que c’est la politique que j’ai choisie, dont je suis entièrement satisfait : retraité professionnel, bénévole.
… et la politique du bien vieillir longtemps s’est mise en place en place en 2022, nous sommes en 2070, notre société est un exemple pour le monde !
Pierre Caro
retraité professionnel
(1) J’aurai pu ajouter l’air, la terre, le soleil … indispensables à notre vie.
(2) Des chiffres connus de tous : 20 millions et 24 millions en 2030 et 2050. Les plus de 85 ans, 1,4 million en 2021, 5 millions en 2060. Seuls 8% des plus de 60 ans sont dépendants et 1 personne de plus de 85 ans sur 5 (20%). solidarites-sante.gouv.fr
(3) ATD Quart Monde, Emmaüs, Handicap International, Médecins sans frontières, Croix Rouge, Secours Populaire, SOS enfants… pour n’en citer que quelques unes.
(4) Comme le précise la Drees en préambule de son étude publiée en octobre 2021 : « l’espérance de vie sans incapacité correspond au nombre d’années que peut espérer vivre une personne sans être limitée dans ses activités quotidiennes« .