Michèle Guillin-Hurlin
21 Mars 2021
Ce texte « COVID 19, stupeur et chambardements » a été rédigé au cours du premier confinement, du 17 mars au 11 mai 2020. Il forme un tout avec sa première partie éditée dans le numéro un des Cahiers du CIS.H, rubrique « Champs Libres », pages 122 à 144, et « Image » page 154.
Début 2021, ce qui change fondamentalement la donne est l’arrivée des vaccins à une vitesse que nous n’imaginions pas en 2020.
2021 voit aussi la venue des variants, variants inévitables puisque le virus n’est pas éradiqué. Ceci est un vaste sujet…
À la stupeur première de mars 2020, ont succédé des formes d’acceptation. Acceptation, probablement de surface, c’est-à-dire portée par la conviction d’une fin de crise rapide. Ce ne fut pas le cas.
Le triptyque « Tracer, tester, isoler » n’a pas fonctionné, alors que, l’été aidant, nous pouvions constater un relâchement collectif avec, parallèlement, un délitement de l’Autorité et la montée réelle des violences.
Bref, il y eut un deuxième confinement en novembre 2020.
Là encore, les signaux ne seront pas entendus. La technostructure reste lourde, les couacs nombreux, le moral est au plus bas, la détresse est quasi palpable, les hôpitaux sont saturés, les soignants épuisés et… l’endettement abyssal. Nous voici dans la traversée d’une vallée amère.
Le 20 mars 2021 arrive le troisième confinement, qualifié de « confiner sans enfermer » avec ses deux objectifs contradictoires – mais nécessaires – : ralentir l’épidémie et préserver l’économie.
Comment agir efficacement si, en vérité, les citoyennes et les citoyens n’adhèrent pas ? Et adhérer à quoi, au juste ? Bien sûr, je n’ai pas la réponse. Cependant, les cafouillages s’enchaînent. Se pose, désormais avec acuité, la question du Sens. Certes, l’arbitrage entre l’éthique de conviction et l’éthique de responsabilité est assurément difficile.
À ce stade, je citerais une nouvelle fois Edgar MORIN :
« À force de sacrifier l’essentiel pour l’urgence, on finit par oublier l’urgence de l’essentiel. »
Comment articuler le collectif et l’individuel ?
Je continue, pour ma part, à affirmer que, seule notre « cohérence intérieure » nous donnera la force d’âme pour réussir la traversée, à la fois chaotique, longue et exigeante, dans laquelle nous sommes…
Quel futur allons-nous inscrire ? Allons-nous devoir changer de paradigme ? Et puis, comment donner aux jeunes générations un « accès vivant de l’avant-nous » ?
Ces questionnements, fondés sur l’observation animée par un esprit humaniste, étaient déjà présents en filigrane dans l’ensemble de mon texte écrit en mai 2020. Je vous en livre maintenant – printemps 2021 – la deuxième partie. Elle se relie à la première partie parue dans le numéro un des Cahiers. Ces questionnements ne restent-ils pas toujours d’actualité un an après, et cela au-delà même du virus ?
Introduction au texte qui va suivre
L’état des lieux est celui observé lors du premier déconfinement. Le texte ne fait donc pas état des évolutions et réajustements ultérieurs ni de l’impact des deux faits majeurs intervenus au début de l’année 2021, à savoir :
- La découverte et la mise sur le marché de vaccins plus rapide que nous ne l’avions imaginé, mais avec des retards significatifs de livraison et une logistique de vaccination dysfonctionnelle.
- La survenue de variants très contagieux, et, peut-être aussi, plus virulents, avec, de nouveau, un Hôpital sous tension.
Cette crise d’installation brutale à évolution désormais chronique n’est pas sans affecter très sérieusement la vie économique, sociale et le moral de la population. Fin mars 2021, la vie est en berne !
C’est une traversée qui soulève des questionnements de fond, au-delà de l’épidémie elle-même. Nombre d’entre eux sont présents dans le texte qui suit et ouvriront, peut-être, des fenêtres de dialogue…