Colloque, Mexique, 10 juillet 2007, Université autonome Métropolitaine, Iztapalapa
"Espaces de médiation: accès aux technologies de l'information et  de la communication",

 

Évaluation de l'Apprentissage dans un environnement Virtuelle d'Apprentissage

Une analyse axiologique

 

Cecilia Navia Antezana, Rafaël Siffle García et Giovanna Lozano Branches *

 

Abstract

 

Dans ce travail nous présentons une analyse de pratiques d'évaluation de l'apprentissage présents dans des dispositifs d'apprentissage qui sont développés dans des environnements virtuelles. Nous essayons de récupérer des éléments de valeur de l'évaluation, en considérant que celle-ci se produit dans un cadre de tensions et de négociations entre les acteurs impliqués, où on met en jeu non seulement les compétences et les dispositions à se développer et se transformer, mais aussi les expériences et les analyses pédagogiques des acteurs en ce qui concerne les processus évaluatifs tout au long de leur trajectoire de formation.

 

 

1. Présentation

 

L'évaluation dans des environnements virtuelles d'apprentissage (AVA), comme toute forme d'évaluation, nous rapporte à la réalisation de jugements de valeur sur un objet spécifique d'évaluation, et dans ce cas nous abordons les pratiques d'évaluation des membres d'une « Communauté virtuelle d'apprentissage », celle-ci comprise comme « l'ensemble des personnes qui partagent des idées et des réflexions sur un sujet spécifique, qui les motive à être groupé et, comme conséquence naturel [...] commencent à développer une forme commune de pensée et d’action » (Navarrais, 2006).

Le sujet de l'évaluation dans les Communautés virtuelles d'apprentissage n'est pas étranger à des conflits et des tensions, du au fait que, entre autres raisons, dans cette modalité tendent à se reproduire des pratiques d'évaluation propres aux systèmes traditionnels employés dans des espaces de formation en présentiel. De toute manière, nous ne pouvons pas nier que l'évaluation, toujours dans les  espaces en présentiel ou semi-présentiel, avec des modalités conventionnelles ou non conventionnelles, a toujours un aspect de complexité.

Peut-être une des principales différences de l'évaluation dans les environnements virtuels d'apprentissage, avec l'évaluation dans d'autres modalités éducatives est qu’ils n'utilisent pas tellement abondamment les nouvelles technologies informatiques. L'évaluation avec l'utilisation de ces technologies, peut être appliquée dans une grande mesure comme un composant permanent du processus d'apprentissage, comme l’indiquent Harasim et al. (2000).

En maintenant une analyse centrée sur l'élève, l'évaluation et la valorisation doivent faire partie du processus d’enseignement et d’apprentissage, intégré aux activités de classe et aux interactions entre les élèves et avec les professeurs (pp. 191-192).

De cette manière, dans les environnements virtuelles d'apprentissage où nous pourrons trouver une potentialité dans les pratiques évaluatives quand celles-ci sont favorisés par les interactions, qu'en étant effectué en général de manière écrite, ou de manière synchrone (chat) ou asynchrone (forums, tâches, mail), permettent, tant aux enseignants qu’aux apprenants, d’indiquer et de prendre une distance en ce qui concerne leurs pratiques. De cette manière, l'interaction médiatisé par l'écriture peut contribuer à objectiver les idées, les préoccupations et les apprentissages qui se produisent et circulent à travers ces environnements d'apprentissage.

Un premier aspect qu'il est important de distinguer, est que, par l'objet d'évaluation, peuvent être évalués les institutions, l'enseignement, l'apprentissage, les dispositifs de formation, entre autres. Dans ce travail nous présentons une analyse de pratiques d'évaluation de l'apprentissage présents dans des dispositifs d'apprentissage qui sont développés dans des environnements virtuelles.

En cela nous essayons d'aborder une dimension axiologique de l'évaluation, en comprenant que l'évaluation n'est pas limitée à la simple obtention d'un nombre, ou qualification, mais un processus marqué par des moments qui peuvent être distingués comme déclencheurs d'apprentissages et qu'il se produit dans un cadre de tensions et de négociations entre les acteurs impliqués, où on met en jeu non seulement les compétences et les dispositions à se développer et se transformer, mais aussi les expériences et les analyses pédagogiques des acteurs en ce qui concerne les processus évaluatifs tout au long de leur trajectoire de formation.

 

2. Analyses de l'évaluation

         Un premier élément qui attire l'attention quand nous réviserons quelques définitions sur l'évaluation dans des environnements virtuelles d'apprentissage consiste en ce que, tout comme dans l'évaluation en présentiel, on lui donne différentes significations. Parmi ces significations on peut mentionner celles de contrôler, pénaliser, calculer la valeur de quelque chose, qualifier, créditer, déterminer ou émettre un jugement sur le degré de suffisance, entre autres. Il y a aussi ceux qui soutiennent que l'évaluation dans les environnements virtuelles est fondamentalement la même que l'évaluation en présentiel, et qu’il diffère seulement dans l'importance et l'impact de ses variables, Hughes (2003).

Pour  Elola (2000) il y a une tendance à définir l'évaluation depuis un perspective normative,

la majorité des définitions sur l'évaluation sont cadrées sur un plan qui peut être appelé normatif. C'est-à-dire, dans le devoir être qui définit un modèle idéal et est constitué dans un référent évaluatif. L'évaluation apparaît ainsi seulement comme une probabilité de déterminer dans quelle mesure les actions effectuées s'adaptent ou non à ce modèle normatif et pas tant comme une possibilité de définir de nouvelles normes ou bien de recréer ce qui est existant (p 4).

L'évaluation peut aussi être abordée depuis un perspective méthodologique (Colomba et al. 2005), en considérant qu'il existe une tendance quantitative et une qualitative. La première considère qu'elle est développé de manière objective, neutre et prédicative et est centrée sur l'efficience et l'efficacité, de telle sorte que ce soient des produits observables. Cette analyse est aussi connue comme analyse basée sur des objectifs accomplis.

En sens contraire, la perspective qualitative est centrée sur reconnaître ce qui arrive et comprendre quelle signification cela a pour les différentes personnes. Dans ce cas, non seulement on évalue le produit mais aussi le processus. L'évaluation se base sur les capacités, les attitudes et plus que tout dans le processus d'apprentissage.

L'évaluation peut aussi être définie en accord avec différentes perspectives théoriques, comme le posent Colomba et al. (2005). Selon cette perspective, proche du dirigisme, l'évaluation se base sur les succès ou les erreurs des élèves comme expression de leur capacité à reproduire l'ensemble des contenus des programmes scolaires, en mettant l’attention sur ce qui est observable et mesurable. Dans cette perspective, la quantification est sous-jacente et elle soutient la défense de l'objectivité et la neutralité de l'observateur dans le processus d'évaluation.

D’un autre côté, nous pouvons trouver la perspective constructiviste, alternative et critique de l'évaluation, laquelle cherche à connaître le comment des exercices observés et essaye de vérifier quelle est la stratégie ou les stratégies adoptées par l'élève dans la solution des problèmes. Cette perspective est soucieuse d’identifier les problèmes en rapport aux façons de penser impliquées dans l'apprentissage. Avec comme base de cette identification que l’on choisit les formes d'intervention.

La perspective alternative étend son cadre d'analyse au-delà de l'observation des conduites manifestées et des résultats à court terme, et centre son intérêt sur les processus de pensée, l'analyse et l'interprétation.

La perspective naturaliste adopte une orientation qualitative et montre les critiques et les limitations du paradigme positiviste, particulièrement depuis les sciences sociales. Dans cette perspective, on évalue les aspects contextuels et des situations.

La perspective illuminative vient de l'anthropologie sociale, de la psychiatrie et de la recherche participante, et comprend l'étude du projet innovateur, comment il influence les différentes situations scolaires du fait qu'il est appliqué, quels avantages et inconvénients trouvent en lui les personnes intéressées et comment il affecte les activités individuelles des étudiants et les expériences académiques.

Nous avons finalement la perspective critique, qui non seulement vise à rassembler une information mais implique aussi un dialogue et une auto-réflexion. Un exemple de cela, est « l'évaluation par des dossiers » (Hainaut, 2003), laquelle consiste à :

Stocker le travail de l'étudiant pendant un certain temps, de telle sorte qu'il puisse être révisé par rapport au processus et au produit [...] tandis que l'évaluation de l'exercice s'est habituellement focalisée dans des solutions et des produits terminés, les dossiers permettent aux enseignants de juger les avances partielles provisoires qui ont fait une partie du développement d’une tâche ou d’un cours d'étude.

Pour sa part, Chacín (2003) se réfère dans cette perspective à la création d'un cadre conceptuel ou référentiel, dans lequel on indique que l'évaluation doit êtrecontinue, constructive, interactive, intégrale, réfléchie, délibérative, coopérative et scientifique » (p 3).

Une pratique que nous croyons présente dans les processus d'évaluation est celle qui se base sur un processus de mesure de l'apprentissage, qui suppose la présence d'une autorité qui s’est attribuée le rôle d'être le possesseur de la connaissance. Ceci implique, dans beaucoup de cas, qu'il se considère comme celui qui est le seul qui peut déterminer si l'élève a appris et jusqu'auquel degré il a atteint les objectifs. Cette pratique qu'on trouve présente de manière importante dans le système traditionnel d'enseignement–apprentissage est exprimée comme une évaluation verticale. D'autres pratiques d'évaluation peuvent être distinguées dans celles qui sont à l'intérieur du cadre d'un processus, qui bien qu'émettant un jugement de valeur, ces pratiques ne sont pas limitées à une simple mesure d'un moment final, mais prennent en considération tout le processus d'apprentissage. Avec ces pratiques nous considérons qu'on affecte dans différents moments et dimensions la formation qui est évaluée, on favorise les processus réfléchis et critiques des pratiques formatives et a un impact sur la construction ou la transformation des compétences et des dispositions formatives. Tout cela toutefois, acquiert des caractéristiques particulières dans les environnements virtuelles d'apprentissage, comme nous le verrons ensuite. 

 

3. Dimension axiologique de l'évaluation

Quand nous nous référerons à la  dimension axiologique de l'évaluation dans des environnements virtuelles d'apprentissage, nous partons de la considération que toute pratique d'évaluation implique des aspects subjectifs et de valeur, tant de l’évaluateur (le tuteur ou l'enseignant) que de celui qui est évalué (l'élève ou l’apprenant). Pour formuler une évaluation comme domaine de pratiques, partons de la définition de Barbier (1993), qui la définit comme :

des pratiques sociales, c'est-à-dire, comme des pratiques qui ne sont réduites purement ni à leur aspect technique ni à leur aspect social, mais représentent dans un certain degré un processus de transformation qui mène à un produit déterminé et qui implique que des agents sociaux concrets maintiennent entre eux des relations spécifiques (p 15).

Avec lui, nous comprenons que tout processus évaluatif, en particulier des processus d'apprentissage, est toujours produit avec l'intentionnalité de transformer  la personne ou de transformer certaines compétences et dispositions. La perspective de la formation qui implique la transformation de la personne, prend en considération non seulement la dimension de connaître, mais aussi celle de faire, celle d'interagir avec d'autres ainsi que celle d'être (Delors, 1997). Nous prenons en considération que toute pratique d'évaluation touche à son tour des aspects relatifs à l'histoire de la personne, à son expérience formative propre et en particulier, à son expérience propre avec les processus d'évaluation. De cette manière toute évaluation est construite dans la relation avec l’expérience et l’interaction formative avec d'autres acteurs insérés dans le processus d'évaluation.

Si nous pensons les processus d'évaluation de l'apprentissage dans les espaces virtuels d'apprentissage, nous pouvons supposer, de manière hypothétique que, tant les apprenants que les enseignants, entrent dans l'espace virtuel d'apprentissage avec un bagage historique, culturel et de valeur. Ce bagage consiste en l'existence de conceptions implicites ou explicites sur ce qu'est l'évaluation, dans des pratiques construites en consensus et/ou imposées sur l'évaluation; pratiques construites dans le cadre de la culture des institutions par lesquelles la personne a transité (Navia, 2006), ainsi que des évaluations autour de la validité, de la rectitude, de l'efficacité ou de la véracité de pratiques d'évaluation.

Ceci signifie que l'évaluation non seulement recouvre les aspects en rapport avec les objectifs qu’un curriculum ou un programme de cours prétend suggérer, mais couvre aussi les buts éducatifs et de cette façon, le type de personne qu’on veut former par rapport à un dispositif de formation conçu et opéré dans  un contexte culturel et historique dans lequel il est plongé, de manière tel que les croyances et les valeurs du contexte influencent ce processus formatif et par conséquent l'évaluation.

De cette façon nous voulons poser qu'il n'y a pas de pratique évaluative neutre, c'est-à-dire, qui ne renferme pas en elle une préconception du type d'intervention qui est effectué sur le sujet en formation, mais, contrairement à cela, toute évaluation suppose des actions de transformation de la personne, et inclue en elle des relations de pouvoir, selon la position que les acteurs occupent en ce qui concerne le processus évaluatif, les instruments d'évaluation et à la prise de décisions des buts de cette dernière.

Si nous prenons en considération l'évaluation du point de vue de l’apprenant, un aspect qui paraît important de récupérer est l'intervention de celui-ci dans le processus d'évaluation de son apprentissage propre. Voir l'évaluation comme une action de formation, c’est se demandé si l’apprenant a de l'autonomie dans cette pratique de formation. Selon Bézille (1996) l'autonomie dans les pratiques de formation est comprise comme :

un processus dans lequel les individus prennent l'initiative, avec ou sans l'aide des formateurs, et à partir d'un diagnostic de leurs désirs de formation, de la formulation de leurs objectifs d'apprentissage, de l'identification de ressources humaines et matérielles de formation, effectuent l'élection et la mise en oeuvre de stratégies d'apprentissage adaptées, et l'évaluation des résultats de la formation (p 4).

C'est-à-dire que nous pouvons parler d'une évaluation qui est exercée et qui est pratiquée depuis les mêmes sujets apprenants. Ceci peut se produire à son tour comme une méta compétence, en considérant la réflexion des apprenants sur ses résultats ou sur le produit de ses apprentissages, du passage d'une phase initiale à une phase finale (Barbier, 2003), d'un ensemble de pratiques ou de dispositions qui sont transformées, ou crées, ou qui disparaissent et qui touchent aussi à la personne. Des réflexions comme les suivantes peuvent rendre compte de cette pratique évaluative pour les apprenants :

Malgré la souffrance du semestre passé, il m’enchante [...] et je vis ce qu’ils appellent la fracture numérique ou cette division entre ceux qui savent et ceux qui ne savent rien. Déjà, je ne peux plus maintenant parler avec mes collègues [de la même manière], je suis dans un autre monde.

Nous distinguons clairement dans l'histoire précédente, comment un étudiant évalue sa transformation, comme un incident critique. En employant l'expression « fracture numérique », l'élève effectue une pratique d'évaluation de sa propre formation, en marquant une ligne de séparation entre ce qu’il savait avant et ce qu'il sait à un moment postérieur, « entre ceux qui savent et ceux qui ne savent rien », ce qui signifie passer à une dimension nouvelle comme personne, à une transformation de son être. Nous parlons alors, comme l’indique Delors (1997), d'une reconnaissance de leur capacité d'apprendre à apprendre, mais également d'une reconnaissance à apprendre à être, d'une autre manière. Le dernier fragment du texte « je suis dans un autre monde » nous renvoie à la tension qu’implique cette transformation comme personne et à la nécessité d'adapter son environnement avec son monde de travail.

Un autre aspect qui nous intéresse de souligner, renvoie à la relation entre l'évaluation avec le pouvoir, ce qui nous conduit à penser, en suivant Barbier (1993), au type des relations qui sont établies entre les acteurs éducatifs, et à la distribution des rôles et des fonctions dans les actions de transformation des personnes. Ainsi, on parle de relations de pouvoir quand il existe des relations de travail spécifiques. Dans le domaine de l'éducation ces relations sont appelées par les auteurs comme « des relations de formation » (p 19) qui sont établies entre ceux qui détiennent les moyens de travail, les outils ou les instruments pour l'évaluation, et entre ceux qui ne les détiennent pas, ou ont peu d' intervention sur eux.

Si les espaces virtuels d'apprentissage supposent, comme exprimé dans beaucoup d’entre eux, l'existence d'un travail de collaboration, ce qui suppose des relations plus horizontales entre les acteurs, nous nous référons spécialement aux apprenants, nous nous demandons s'il est possible de construire des processus évaluatifs qui pénètrent les pratiques traditionnelles d'évaluation, vu comme une pratique de pouvoir, d'imposition, qu'on développe sans prendre en considération les pratiques elles-mêmes et les réflexions évaluatives de leurs étudiants. De cette manière nous nous demandons s'il est possible de penser que dans les environnements virtuelles d'apprentissage il est possible de trouver des pratiques d'évaluation plus flexibles, ou en tout cas, soumises à négociation avec les acteurs.

 

4. Trajectoires de formation et d’évaluation

Dans ce paragraphe nous essayons d'identifier, à partir de Barbier (2003) et Yurén (2005), quelques pratiques d'évaluation présentes dans un environnement virtuelle d'apprentissage, en montrant comment ils se forment et sont mis en rapport avec des pratiques d'évaluation présentes dans d'autres espaces, comme les espaces de formation en présentiel.

Dans le discours d'environnements virtuelles d'apprentissage nous trouvons que ses membres parfois émettent des jugements de valeur sur les aspects positifs ou négatifs de l'évaluation. Mais en général, le sujet de l'évaluation est un sujet dont on parle peu, ou quand on en fait mention, on en parle pas toujours de manière directe, apparaissant à beaucoup de moments comme un sujet tabou, dont il paraît qu’il peut très peu se discuter.

Nous trouvons dans ce discours, qui circule tant dans des environnements virtuelles d'apprentissage que, aussi, avec certaines variantes, dans des environnements d'apprentissage en présentiel, l'existence de manifestations de crainte en ce qui concerne l'évaluation, qui nous permettent de distinguer l'existence de relations de pouvoir implicites dans les pratiques évaluatives. Dans ce jeu de pouvoir, certains apprenants reconnaissent que des expériences passées d'évaluation peuvent laisser trace pour des expériences futures. Voyons le texte suivant :

Il se passe que l'« évaluation » en réalité est une classification sociale et peut nuire pour toute la vie pour  beaucoup d’adultes.

De cette manière, pour certains apprenants, ces manifestations de crainte paraissent être attachées à des histoires négatives avec l'évaluation vécues à des époques précoces de leur formation, étant des élèves de primaire ou de secondaire, ou d'autres niveaux éducatifs, celles qui influencent d'importante manière les expériences d'évaluation à des moments postérieurs (Navia, 2006). Il apparaît que cette crainte reste dans les sujets tout au long de leur trajectoire de formation, y compris aussi dans son passage par des espaces d'enseignement par correspondance

Être évalué est peu gratifiant.

Je considère que l'élève doit avoir une vue claire du processus d'évaluation et doit avoir la perception que c'est un processus juste et équitable.

Ceci conduit que, dans beaucoup de cas, les apprenants mettent en rapport l'évaluation non seulement avec l'évaluation des apprentissages obtenus dans un environnement d'apprentissage, mais aussi par rapport à l'interaction avec d'autres, ce qui concerne dans quelques cas la perception de lui-même et y compris des situations affectives.

Nous reconnaissons que tant dans les espaces en présentiel que dans les espaces virtuels de formation, existent différents acteurs qui occupent une position différenciée en ce qui concerne le processus de formation, en établissant entre eux des relations de formation (Barbier, 2003) qui conduisent à des situations de tension et dans quelques cas à des conflits qui affectent de cette manière les processus évaluatifs. C'est-à-dire, les pratiques d'évaluation qui sont développées en contexte institutionnel, sont établies comme relation de pouvoir pour laquelle il est autorisé socialement ou institutionnellement d’émettre un jugement de valeur des apprentissages obtenus (par le responsable de formation), et celui qui sera évalué (l'élève), en suivant les normes établies. (Barbier, 2003).

Mais  si, comme nous l’avons précédemment indiqué, dans les environnements virtuelles d'apprentissage on considère une évaluation dans le cadre du travail de collaboration, celle-ci pourrait contribuer au développement de processus d'évaluation plus horizontaux entre apprenants et tuteurs. Par exemple, proposer des pratiques d'auto–évaluation conduit les apprenants à développer une évaluation implicite, comprise comme celle dans laquelle on émet un jugement de valeur, mais qui n'est pas explicité qu'à travers ses effets (Barbier, 2003).

Il est indiscutable que, en réalité, tout sujet, dans l'exercice de n'importe quelle action, s'embarque constamment dans ce type d'évaluation, dans la mesure où il ne peut pas cesser de se poser la question de la valeur de ce qu'il fait (p 35).

Quand l’apprenant est confronté à l'auto–évaluation, comme cela se produit dans les environnements virtuelles d'apprentissage, ou aussi dans les environnements en présentiel, celui-ci se trouve devant une situation de conflit, parce qu'il fait face à l'évaluation implicite de sa formation, c'est-à-dire, avec les différentes évaluations d'elle mêmes, tissées dans le cadre de sa trajectoire de formation, qui peut souvent se montrer sous forme d’ « auto–élimination » (Barbier, 2003). De là, peuvent apparaître des questions comme : Suis-je capable de m'auto–évaluer ? Comment vais-je m’auto–évaluer ? De quelle manière puis-je établir une auto-évaluation objective ? C'est-à-dire, au moyen de l'auto–évaluation, l’apprenant en même temps qu'il évalue son processus formatif, met en jeu l'acceptation de  lui-même comme un sujet capable de faire un exercice d'évaluation et qui peut à son tour s'approprier l'évaluation de son processus de formation, ce qui arrive dans un cadre de tension et d’incertitude.

Ceci acquiert une dimension plus complexe quand on propose aux apprenants d'effectuer des pratiques de co-évaluation. Celle-ci peut poser aux apprenants une difficulté énorme pour émettre un jugement de valeur d'un autre (ou d’une autre) condisciple. Comment puis-je évaluer quelqu'un qui est égal ? Comment reconnaître comme positif le caractère de collaboration du travail en groupe, et en m^me temps, exposer l'autre, quand celui-ci manquera ou dans sa disposition de collaboration, ou dans la qualité des contributions académiques ; ou dans la coopération à l'intérieur du groupe ? Voyons le commentaire d'un apprenant faisant face au cas d'un membre du groupe de collaboration qui n'a pas montré d’intérêt à contribuer au travail conjoint :

Je ne sais pas comment résoudre cette situation. Je ne veux nuire à personne. Nous ne voulons nuire à personne. Mais pour nous, il n'est pas tenu pour juste que le travail retombe sur nous et que le condisciple n'apparaisse pas d’aucune sorte (A3).

Ou des expressions comme celle-ci, émise par un conseiller :

Je suis préoccupée avec les co-évaluations. Je vois que quelques compagnons se harcèlent.

Dans les deux cas, nous pouvons signaler la présence d'une résistance à l'emploi des évaluations, parce qu'il place tant le responsable de la formation que les apprenants dans un dilemme, l'obligation d'émettre un jugement de valeur objective qui démontre ou expose l'autre, en particulier quand parmi ceux-ci on observe un manque de disposition au travail dans le groupe de formation.

Nous avons trouvé que, dans la littérature d'environnements virtuelles d'apprentissage, la co-évaluation apparaît comme un important élément du développement du cours, puisqu'il est supposé permettre de régler le travail des élèves. Toutefois, nous observons que celle-ci n'est pas toujours une pratique très commune :

seulement deux ou trois enseignants ont co-évalué parmi les 13 cours que nous avons eus.

Nous croyons que cette résistance à la pratique de co-évaluation, exprimée comme une forme de crainte à l'aborder, est due au manque d'expérience des apprenants et des enseignants à travailler dans des espaces de travail de collaboration. C'est-à-dire, les expériences préalables, dans des espaces de formation en présentiel ou en semi-présentiel, paraissent relever, pour les deux acteurs, d’une culture de travail plus individualisé que de collaboration, ce qui provoque que l'expérience de formation dans des environnements virtuelles d'apprentissage, tend à maintenir une continuité avec ce type de travail plus individuel que de collaboration.

Le peu de disposition au travail de collaboration peut aussi s’expliquer par la perception, qui existe chez certains apprenants (et peut-être chez certains responsables de formation) du fait de l’inscription à un cours d'enseignement par correspondance, que le travail à développer serait effectué de manière individuelle ou isolée. Ceci nous le distinguons dans l'histoire suivante :

et quand j'ai trouvé cette maîtrise, j'ai pensé, qu'au moins on allait travailler beaucoup plus seule, et Oh ! une grande surprise [...] pour rien. Pardessus cette solitude devant la machine et la nécessité de chercher d'autres condisciples (une fois que je suis entré dans la maîtrise et que j’ai commencé à me rendre compte que beaucoup de choses n'allait pas pouvoir être obtenues seule, outre le fait que j’ai besoin de savoir si d’autres personnes se sentaient comme moi, dans la même situation, chose que dans un environnement traditionnel tu peux immédiatement savoir, puisque tu vois les personnes autour de toi, mais dans ce qui est virtuel, non.)… Cela a été une nouvelle expérience pour moi.

Le texte précédent nous révèle qu'en intégrant un AVA, l’apprenante découvre, elle l’indique avec surprise, que le travail serait développé de manière collaborative. Il conviendrait ici de nous interroger si cette perception est généralisée pour différents apprenants. S'il en était ainsi, on pourrait expliquer que dans la phase propédeutique ou préparatoire de l’apprenant pour s’insérer dans ce dispositif formatif, cet aspect a été abordé avec peu de succès.

Dans l'histoire précédente, nous remarquons qu'un apprenant reconnaît le travail de collaboration comme une nouvelle expérience, dans ce cas formative. Découvrir dans l'action le caractère de collaboration peut suggérer que la transformation de l’apprenant, d'une disposition plus favorable au travail individuel à une disposition plus favorable au travail de collaboration, implique un processus qui dépasse la simple réception de l'information, de la connaissance de savoirs théoriques et de savoirs de procédure sur ce qu'est supposé être le travail de collaboration. L’apprenant découvre alors que le savoir du travail de collaboration est attaché au savoir-faire, savoir coexister et savoir être, c'est-à-dire, ce qui distingue les savoirs du travail de collaboration sont des savoirs de l'action, des savoirs de praxis (Yurén, 2005) et ils sont obtenus par conséquent au moyen de l'expérience et de la mise en pratique. Cette réflexion peut être vue à son tour comme un exercice évaluatif de son implication dans son processus formatif.

Reprenons l'expression qu'un conseiller d'un environnement virtuelle d'apprentissage manifeste pour le respect à la permanence des étudiants dans ce dernier : “la vertu est la durabilité » (M2). Vu dans le cadre de l'évaluation, nous nous demandons si une disposition pour rester dans ces dispositifs pourrait être la résistance à l'incertitude, perçue dans ce cas comme le pouvoir survivre, ou « supporter » en reprenant les mots du conseiller, à son trajet dans le nouvel environnement virtuelle d'apprentissage. Voyons ce qui était exprimé dans le commentaire de l’apprenant suivant :

Parce qu'en principe je suis entré (étudier dans un environnement virtuelle d'apprentissage) parce que j'ai besoin d’un papier, mais j'ai pensé que je voulais en outre apprendre quelque chose de différent [...]. Depuis longtemps je voulais apprendre les TICs, le MULTIMEDIA et ces choses [...] m'avait déjà ennuyée dans ma pratique professionnelle. Je voulais essayer de nouvelles façons d'enseigner. Mais je te jure que moi je marchai déjà fissurer une semaine après avoir commencé cette propédeutique (A1).

Nous voyons clairement dans le texte, comment l’apprenante fait face à l'incertitude de continuer ses études dans un AVA, dans lequel elle effectue un exercice d'auto–évaluation dans un double but. Elle établit comme une partie de ses espoirs de formation d’obtenir une qualification (le diplôme). D’un autre côté, elle se propose d'apprendre « de nouvelles façons d'enseigner » pour son développement professionnel dans le milieu dans lequel elle se développe. Nous trouvons donc dans ce texte deux fonctions de l'évaluation, celle qui conduit à la différenciation par négociation de l'attribution d'un statut hiérarchique, et par conséquent accorde une qualification, et celle qui conduit à un processus de socialisation, de développement du sujet en formation dans son contexte (Barbier, 2003).

Un autre exercice d'évaluation peut être apprécié quand les apprenants font référence à l'incertitude sur leur capacité à aborder les tâches assignées dans l'environnement de collaboration. Ceci nous pouvons le voir dans l'évaluation suivante que fait A2 de sa capacité à effectuer ses travaux.

Le problème que j'ai est qu'un des documents que j'ai trouvé (le 1) est très complet et que je ne trouve pas la façon d'utiliser mes mots… Nous allons comme si tout était dis là, ainsi que je l’ai ressentie (A2).

Barbier (1993) indique qu'on peut distinguer des pratiques d'évaluation spontanée quand on exprime des jugements de valeur à travers des déclarations dans lesquelles on émet un avis « bon » ou « mauvais » sur une personne ou une activité. La reconnaissance exprimée par « le problème que j'ai » est sans doute une expression d'évaluation spontanée de lui-même face au travail. Il exprime une réflexion d'incertitude en ce qui concerne la difficulté de pouvoir construire un texte propre à partir des lectures effectuées. Ce problème, qui se réfère à la construction d'un travail académique, nous pouvons le constater de manière très claire dans beaucoup de contributions de collaboration ainsi que dans des travaux écrits effectués par des apprenants dans le cours. Pour ces derniers, on constate une difficulté énorme dans la construction de textes académiques, en particulier dans la construction des idées elles-mêmes des apprenants ou des groupes de collaboration, et dans la différenciation des documents des auteurs lus, en ce qui concerne les documents propres. D'une certaine manière, il révèle une difficulté pour être reconnu, de manière individuelle comme collective, comme auteurs de textes académiques. Il s'ensuit que nous pouvons indiquer qu'une condition importante pour obtenir un travail de collaboration dans des environnements virtuelles d'apprentissage consiste à avoir une capacité ou une disposition pour la rédaction. Nous nous référons ici à deux aspects : une compétence communicative d'exprimer les idées de manière écrite, et d'autre part, une compétence d'être reconnus comme auteur de ses  idées propres.

L'incertitude est aussi exprimée quand on émet des évaluations spontanées face à l'évaluation instituée. L'évaluation instituée est définie comme celle exercée par des personnes socialement aptes pour cela et dont le rôle est explicitement reconnu : dans le cas de la formation en contexte institutionnel, c’est celle exercée par les responsables de la formation. Dans l'histoire suivante nous observons qu’il est évident que devient explicite une critique de la manière dans laquelle un groupe d'élèves ont été évalués par leur enseignant. Dans ce cas, les apprenants évaluent suivant le critère de justice, de rectitude, et en rendant explicite leur évaluation,  obtiennent de percer l'évaluation implicite.

Quelques messages ont été très des forts (A2).

et certains n'ont pas été apparemment conformes à leurs évaluations, qui ont été faibles, et ont furieusement protesté (A1).

Oui, les personnes fâchées n'agissent pas avec sagesse (A1).

Nous observons dans ces déclarations, que les apprenants percent l'évaluation implicite qui suppose une évaluation de ce qui peut ou ne peut pas être fait ou être, qui est exprimé souvent dans un exercice d'auto–élimination (« je ne peux pas le faire », « je ne suis pas capable de le faire »). Dans ce cas, les apprenants obtiennent d’émettre, par négociation d'une évaluation spontanée, leurs préoccupations propres, même si celles-ci sont exprimées souvent de manière fragmentaire, incohérente ou éventuellement de manière contradictoire et qu’elles soient chargées d'émotivité.

Voyons maintenant l'incertitude dans l'évaluation quand celle-ci est effectuée par les autres compagnons des groupes de collaboration envers un membre du groupe. Ici l'interrogation poser serait : comment se placer comme des apprenants avec la disposition pour être évalué par d'autres ? Voyons l'expression suivante :

j'envoie à l'instant (au groupe de collaboration) ma contribution en accord avec l'indice que nous nous donnons rendez-vous… pour qu'ils le voient et qu’ils le détruisent, jeje.

Être évalué peut impliquer, dans certains cas, de s'exposer à une situation de risque, de vulnérabilité, comme nous l’avons exposé dans le cas analysé plus haut, où les apprenants n'ont pas senti qu'ils ont été évalués de manière juste par leurs conseillers. Toutefois, être placé face à l'évaluation de ses pairs de groupe de travail de collaboration, invite les apprenants à s'insérer dans un travail d'évaluation entre égaux, mais dans laquelle le risque et la vulnérabilité paraît aussi être présent. Ceci nous l'observons dans l'histoire précédente, dans l'expression, « ils le voient et ils le détruisent », il fait allusion, en termes discursifs, à la disposition de l’apprenant à évaluer avec rigidité, à exposer face à l'autre (aux autres). Exposer implique qu'une personne est disposée à montrer un travail propre, de l'une ou l'autre manière fini, et est dans la disposition d'accepter des autres la critique prudente du travail. L'incertitude, dans ce cas, est suggérée de manière symbolique avec le mot « ils détruisent », ce qui révèle une disposition à critiquer, mais en exprimant un certain degré de crainte.

 

5. Problématiques dans l'évaluation

Dans différentes expressions, l'existence de problèmes dans l'évaluation se manifeste se présente tant pour l'apprentissage dans un moyen traditionnel que dans un environnement virtuel. Parmi ces expressions nous pouvons souligner les suivantes :

Les moyens d'évaluation échouent quand ils ne sont pas bien utilisés.

Les moyens peuvent être des armes de contrôle (fonction politique).

Les moyens utilisés dans l'évaluation affectent psychologiquement l'étudiant, suivant le type de moyen et la personnalité de l'étudiant.

On est évalué plus en fonction du nombre, parce qu’en définitive « le nombre en effet compte »

Bien que les points précédents décrivent des situations largement connues dans des dispositifs conventionnels et non conventionnels, il paraît que les institutions paraissent avoir peu fait pour rendre propice un changement dans leurs pratiques d'évaluation, en particulier dans les AVA. Ceci peut être constaté dans les histoires de  diverses expériences d'étudiants qui sont mal reconnues comme influencés par des processus d'évaluation très fermés ou conçus depuis leurs débuts.

L'histoire d'un étudiant sert à illustrer la problématique qu’il a vécu pendant sa formation elle-même, qui était conditionnée par un environnement où on n'agissait pas avec transparence.

après les conflits d'autorité et de tous dans cette période, je suis resté dans la périphérie académique, dans un espace où je ne savais pas ce que je voulais [...] luttes continues avec les enseignants, en faisant de l'étalage de mon intelligence pratique et en faisant face aux enseignants traditionnels en montrant qu'on sait les programmes de mémoire mais rien de plus que cela.

Ce qui se montre dans cette histoire est la présence d'objectifs d'évaluation qui n'apparaissent pas toujours de manière claire, en laissant de cette façon l’apprenant en situation de tension. L'évaluation paraît être effectuée de manière traditionnelle, basée sur la connaissance des enseignants des « programmes sus de mémoire », où l’apprenant paraît ne pas avoir aucune possibilité de prendre part, ni même de connaître ce à quoi consisterait cette évaluation. Cette analyse traditionnelle paraît se focaliser sur les résultats en accord avec certains objectifs, mais souvent les résultats qui sont exigés ne s’accordent pas avec ceux-là.

Bien que, du point de vue des apprenants, ils existent des enseignants qui établissent des règles claires sur le processus d'apprentissage et la stratégie d'évaluation qui mesure ce dernier, en laissant à l’apprenant la responsabilité de travailler en fonction de ces règles, certains apprenants distinguent que ce qui existe est l’inverse. C'est-à-dire, l'existence d'enseignants qui n'établissent pas clairement le processus évaluatif qui peut produire une distorsion dans le processus d'apprentissage et de l'évaluation même. Quand les règles de l'évaluation n'ont pas été établies de manière claire, il peut être observé que les apprenants développent des stratégies dans le développement des activités soumises à évaluation qui leurs permettent d'obtenir des évaluations favorables, dans la qualification du cours, en démérite du processus d'apprentissage, en obtenant de cette manière « une notation meilleur avec moins d'effort », en donnant davantage d'importance au résultat de l'évaluation (au nombre) qu'au processus lui-même.

Ceci cependant se produit de manière différente en fonction du cours qui est distribué, étant donné que dans certains cas, les cours avec des contenus très définis, comme c'est le cas de cours avec des contenus plus concrets, techniques ou de procédure, l'établissement de règles et stratégies d'évaluation paraissent être plus facilité que dans des cours de contenu plus théorique ou abstrait.

Quand les AVA deviennent plus transparentes tant dans le contenu, que dans les méthodes et les stratégies d'évaluation, alors ces dispositifs poussent et motivent les étudiants à devenir plus responsables de leur apprentissage, ainsi que de l'évaluation de ce dernier. Voyons avec les expressions suivantes :

mais définitivement l'environnement que produisent les espaces interactifs d’éducation en ligne, disposent d’une plus grande qualité et d’une information plus effective que quand tu effectues la même dynamique dans une classe en présentiel, définitivement une instruction claire et objective peut déclencher un processus d’analyse plus structuré et effectif.

Dans le premier texte nous distinguons que les environnements virtuelles sont perçus comme des espaces qui facilitent le processus d'apprentissage encore plus que les espaces en présentiel. Ceci repose en partie, dans ce qui est dit, sur l'émission d'une instruction claire et objective comme déclencheur de ces processus.  Preuve à nouveau, comme dans ce processus, que l’apprenant se reconnaît plus responsable et a la possibilité de développer des analyses plus structurées et plus effectives. Voyons maintenant la réflexion suivante :

dans mon expérience, c'est la première fois que je suis dans un cours en ligne et où je vois que les évaluations sont d'une certaine manière différentes, parce que, pour obtenir une qualification, je note que tu t'efforces plus et de même pour ces plongés principalement dans l'Internet pour chercher des sources d'information et en outre que l'ordinateur est ton compagnon dans ce processus, comme s’il était en dehors de ta salle de classe virtuelle.

En partant de la réflexion de son expérience dans un environnement virtuelle d'apprentissage, l’apprenant trouve que le processus d'évaluation dans cette environnement est différent et qu'il facilite un processus plus actif dans le processus d'apprentissage, «  tu t'efforces plus ». De manière égale, il trouve que les limites de l’environnement virtuelle d'apprentissage s'étendent vers le réseau de ressources Internet comme sources d'information, montrant ainsi un certain degré d'autodidactisme de l’apprenant, par rapport à son processus de formation.

Nous avons indiqué que certains apprenants évaluent de manière positive les environnements d'apprentissages comme potentialisation de leurs processus de formation. Toutefois, ceci ne se produit pas dans tous les cas, parce que pour beaucoup apprenants, il apparaît que la tradition d'apprentissage dans l'environnement en présentiel a été transposée dans l'environnement virtuel et, bien que la majorité de ceux impliqués dans les processus d'enseignement et d’apprentissage parlent de nouvelles manières de mener à bien le processus d'évaluation, les expressions qui montrent une distinction entre les pratiques présentes dans des environnements en présentiel et celles qui concernent les pratiques qui sont développées dans les environnements virtuelles, ne sont pas très fréquentes.

 

 

6. L'auto–évaluation : un processus de connaissance de soi

Dans l'auto–évaluation deux problématiques se présentent suivant à qui on s'adresse : si c’est vers soi-même ou si c’est vers les autres. D'une part, nous comprenons l'évaluation vers soi-même quand l'étudiant s'exprime sur lui pour définir ce qu’il a appris, ce qu’il a aimé, ce qu’il n'a pas aimé, et  qu’il évalue ce qu'il a atteint ou non en termes formatifs. Dans la même teneur, l’apprenant indique et prend conscience de son activité pendant le processus, et si celle-ci a influencé le résultat obtenu dans l'évaluation quantitative. Le problème qui peut se présenter dans ce cas est que l'étudiant ne sache pas comment s'auto–évaluer, et que ce problème se manifeste depuis une évaluation de type affectif qui le conduise à penser qu'il est très mauvais (une faible auto-estime de soi), ou qu'il est très bon (auto-estime de soi très forte), comme il a été mentionné plus haut. De cette manière, vu de manière subjective, cette dimension affective de l'évaluation peut affecter la possibilité de s'auto–évaluer sur la base des buts posés dans le cours ou le dispositif de formation. Une problématique qu'exposent en cela certains apprenants, consiste dans la possibilité que l’apprenant, en exposant son auto-évaluation, mette certaines limitations à cette dernière, avec la crainte de s’exposer devant ses compagnons ou devant le tuteur du cours.

D'autre part c'est l'auto–évaluation dirigée vers les autres, qui s’affiche devant l'évaluateur et/ou devant ses compagnons. Ici, l'évaluation qui est exprimée devant d'autres, exige l’apprenant à exposer de manière ouverte cette évaluation de ses apprentissages. Dans ce cas, l'évaluation de ses apprentissages est mise en jeu face à l'évaluation des autres, soient ses égaux ou formateurs, en conduisant, dans certains cas, à des tensions, des négociations ou des méfiances.

« essayer de tromper d'autres participants du processus évaluatif, en disant qu'il a très bien fait, bien que dans le fond, il reconnaît qu'il n'a pas donné l'effort requis ».

Pour la raison que, comme nous l’indiquons précédemment, l'auto–évaluation se produit dans une situation de relation avec d'autres. Quand celle-ci sera exposée dans les environnements virtuelles, comme dans des forums, des chats, ou d'autres ressources, elle s’affiche à son tour au tuteur du cours, avec lequel, comme nous avons vu, on établit clairement des positions de pouvoir : qui évalue par rapport à qui est évalué. Mais cette relation n'est pas par elle-même un obstacle pour se disposer à l'auto–évaluation, bien que nous pouvons constater que les apprenants trouvent des difficultés pour être reconnus comme sujets capables de prendre part à leurs processus évaluatifs propres.

Ceci cependant n'est pas le cas pour tous, puisque, bien qu'il soit certain que les apprenants, après une auto-réflexion et une auto-évaluation, ne peuvent pas toujours reconnaître, devant un enseignant et/ou le groupe de collaboration, de ne pas avoir atteint un niveau acceptable d'apprentissage dans le cours, comme nous l’avons vu plus haut, nous exposons le cas d'un apprenant qui a sollicité de quitter le cours, et de redoubler, vu qu’il sentait qu'il avait appris presque rien, en évaluant que ceci s'est produit parce que ce dernier n'avait pas mis la persistance suffisante ni travaillé comme sollicité pour obtenir les apprentissages attendus. Nous verrons ce cas à partir de l'histoire d'un enseignant :

Bien que cet étudiant savait qu'il allait obtenir une qualification probatoire du cours, il était aussi conscient que, s'il continuait ainsi, dans le cours suivant en effet il allait être renvoyer définitivement, (il s'agit du cours en séquence). L'intérêt de cet étudiant pour apprendre a été plus fort qu'obtenir simplement une qualification probatoire, et cette décision a été précisément prise sur la base d’un processus d'auto–évaluation, dans lequel l'individu soupèse les réalisations, les manques et le futur de sa formation.

Ce qui est montré dans ce qui est précédemment exposé, est que, face à l'évaluation, il existe une division claire du travail entre ceux qui établissent les paramètres pour évaluer et ceux qui acceptent ces paramètres.

on suppose donc que nous construisons la connaissance, clairement, il s'agit d'une connaissance établie par l’enseignant, mais au moment de présenter nos propositions, il résulte que l’enseignant n'est pas d'accord avec notre position, et qu’il veut que nous lui disions ce qu'il veut lire, pas ce que nous construisons pour notre compte.

De cette manière, si nous analysons le texte précédent de manière littérale on note la présence de pratiques d'évaluation qui influencent le développement du processus d'apprentissage en hétéro-formations, en fonction de la demande du conseiller, sans privilégier le rôle actif dans l'apprentissage de l’apprenant. Toutefois, dans un regard plus soigneux, nous pouvons observer que dans ce cas, l'élève découvre qu'une pratique possible est la construction en elle-même pour « un autre », plus que pour son effet , ce qui est clairement apprécié quand il indique « il veut que nous lui disions ce qu'il veut lire ».  Les pratiques d'évaluation apparaissent alors toujours dans un processus de tension et de négociation, non toujours étranger à des situations de conflit entre les différents acteurs qui prennent part aux dispositifs formatifs.

 

En guise de conclusion, nous pouvons indiquer qu'on est très loin de conformer un paradigme suffisamment flexible pour établir des processus d'évaluation adaptables à différents environnements. Dans les environnements virtuelles d'apprentissage les processus d'évaluation sont en développement, de manière que, tant les apprenants que les tuteurs, développent des stratégies d'évaluation qui s’adapte à ces environnements.

L'évaluation quand elle est effectuée par le tuteur, par le caractère virtuel du dispositif, produit une tension chez les élèves, quand il n'existe pas une communication suffisante des règles et des critères d'évaluation, mais quand ce processus est suffisamment clair, les apprenants trouvent des conditions qui favorisent le travail autodidacte et leurs reconnaissances comme sujets capables de former et d'évaluer à son tour leurs apprentissages propres.

Dans les espaces virtuels et non virtuels d'apprentissage, sont présentes des perspectives traditionnelles de l'apprentissage, ainsi que la fonction de contrôle de l'évaluation. C'est-à-dire, indépendamment du caractère virtuel du dispositif, il peut être supposé que l'environnement produit des conditions favorables pour le travail de collaboration, pour le travail autodidacte et pour promouvoir des processus évaluatifs plus flexibles qui considèrent les divers acteurs impliqués.

On reconnaît que les pratiques d’auto–évaluation et de co-évaluation dans les environnements virtuelles d'apprentissage sont des ressources favorables pour le processus formatif. Cependant, il est important de reconnaître que pour développer ces pratiques, il est important de favoriser les interactions formatives entre les apprenants et les tuteurs, en rendant propice le dialogue, la réflexion et la critique.

 

 

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De los autores

 

 

·    · Cecilia Navia es profesora de la Universidad Pedagógica de Durango, es doctora en Ciencias de la Educación, otorgado por la Universidad Paris 3 en cotutela con la Universidad Autónoma del Estado de Morelos. Investiga en el campo de la autoformación en la formación docente y en educación a distancia.

·    · Rafael Silva profesor en la Universidad Autónoma de Nayarit. Es estudiante de la Maestría en Tecnologías para el Aprendizaje de la Universidad de Guadalajara, CUC Costa. Su campo de trabajo es educación en línea y es programador de sistemas.

·    · Giovanna Lozano es profesora de alemán del Departamento de Lenguas Modernas (Delem), del CUCSH. Es estudiante de la Maestría en Tecnologías para el Aprendizaje de la Universidad de Guadalajara, CUC Costa