Neurosciences

Le contexte de la neuroculture qui gouverne ce début de XXIe siècle

« L’influence de cette neuroculture ne se mesure pas seulement au pouvoir qu’ont pris les neurosciences dans la recherche et dans la pratique clinique (avec, notamment, une mise en question croissante de la légitimité des niveaux d’analyse psychologique et sociologique ainsi qu’une focalisation grandissante sur les traitements psychopharmacologiques), mais aussi au développement de multiples neurodisciplines hybrides (neuro-économie, neuromarketing, neuro-éducation, neurodidactique, neuro-esthétique, neuropolitique, neurodroit, neurothéologie, neuro-éthique, etc.), de produits visant à améliorer le fonctionnement cérébral (stimulants cérébraux ou neuroceuticals), de technologies d’optimisation ou de compensation cérébrale (brain fitness technology industry, neuroprothèses) ou d’objectifs sociaux (neurodiversité). Ainsi, le réductionnisme cérébral et, plus largement, neurobiologique est devenu une pensée dominante » Van der Linden (2014).

Une conception de la recherche et du monde focalisée sur l’efficacité, le rendement, la compétition, l’individualisme et la primauté du cognitif.

« Un monde où la fragilité, la finitude, la différence, le contexte social et culturel, l’engagement social n’ont pas leur place. Il s’agit d’une université bling-bling, dans laquelle on agit, mais on ne pense pas, « on annonce à la presse tous les miracles que les chercheurs […] vont réaliser prochainement, […] on est obligé de publier dès que possible, dans des revues bien cotées, des résultats de travaux encore inachevés ». Une université de professeurs managers, qui consacrent l’essentiel de leurs activités à pratiquer le networking, le fundraising, le marketing et le management. Une université qui se nourrit de l’argent des multinationales (notamment pharmaceutiques…). Zuppiroli indique en quoi une autre manière de concevoir l’université est possible : une université dans laquelle les enseignants et les chercheurs pèsent davantage « les responsabilités sociales auxquelles tout technoscientifique se trouve inévitablement confronté » ; une université qui « met en avant l’esprit critique, qui libère la parole et la pensée, qui s’affranchit des modes et des chemins balisés des nanosciences, des biotechnologies et des sciences cognitives », qui prépare à un monde moins individualiste (« où il faudra apprendre à faire ensemble et à mieux partager les ressources »), qui forme des étudiants pour « qu’ils soient prêts à prendre leurs responsabilités, pour construire l’avenir dans des conditions difficiles, mais exaltantes ».

Face à l’ode aux neurosciences (cognitives, affectives ou sociales), aux nouvelles technologies et aux liens entre recherche et industrie, qui a également touché le domaine du vieillissement, on a plus que jamais besoin d’une mise en perspective et d’une réflexion critiques. » Van der Linden (2014)

 

Notre corps gérant les interactions avec l’environnement, il importe de comprendre comment ce corps, qui ne se réduit pas au cerveau,  interprète les signaux perçus et réagit en conséquences pour appréhender les processus d’apprentissages qui permettent aux individus d’élaborer leur personnalité.

La plasticité du cerveau stimulée par l’apprentissage permet l’amélioration du cerveau (réflexion, prise de décision, mémoire…) tout au long de la vie.

« À la croisée des recherches sur le cerveau et des sciences de l’apprentissage, les neurosciences de l’éducation s’invitent aujourd’hui dans la salle de classe. Sont-elles capables de rendre les pratiques enseignantes plus efficaces et d’aider les élèves à mieux apprendre ? Le débat suscite des passions
autour des immenses potentialités évoquées dans de nombreux projets de recherche dédiés à l’amélioration des méthodes d’apprentissage, pour lesquelles la focale serait faite sur le fonctionnement du cerveau. Neurosciences de l’éducation, esprit, cerveau et éducation ou encore neuro-éducation, le vocabulaire ne manque pas pour désigner cette
« jeune science », dont l’objectif est de mieux faire connaître le cerveau et les processus cognitifs qui lui sont attachés. » Ifé, 2013
http://veille-et-analyses.ens-lyon.fr/DA/detailsDossier.php?parent=accueil&dossier=86&lang=fr